Les Résistantes 2025 – jour 3 – suite

Atelier : Contre l’artificialisation et la filière béton : comment agir?

Aux racines de l’artificialisation des terres, il y a les choix politiques et les projets polluants, mais il y a aussi derrière le monstrueux empire de la filière du béton. Comment la désarmer et la détruire, pour enfin en finir avec l’artificialisation ?
Intervenant·es : Notre Affaire à Tous / Les Batisseureuses des terres

En principe, avec la loi ZAN, les communes ne peuvent artificialiser plus de 50% des terrains déjà artificialisés sur leur territoire (une carte a été faite par Terre de Luttes qui recense toutes les artificialisations). Dans cette loi, il y a des éléments assez discutables : par exemple, les carrières ne sont pas considérées comme des terrains artificialisés, alors que les jardins des particuliers, oui). Elle reste néanmoins un garde fou.
Mais de nouvelles lois (Duplomb), veulent donner des marges de manœuvre aux municipalités et aux régions, dans le but de sortir de cette loi ZAN.
– Ainsi, il est question avec la loi Duplomb de sortir les autoroutes de cet encadrement des – 50% de la loi ZAN (mais aussi les prisons, les centrales nucléaires, les zones photovoltaïques …).
– Les carrières qui occupent 2,3% des terrains de l’Hexagone, sont le berceau de l’artificialisation. En général, elles sont rebouchées par des déchets du BTP, considérés comme inertes et non polluant. Il y a peu de contrôles sur les remblais apportés en carrière. On considère que les déchets du BTP, sont ainsi revalorisés (on joue avec les mots !). Ce système est autophage: du fait que le remblaiement de carrière est considéré comme une revalorisation.
Les carrières sont incluses dans l’aménagement du territoire. Elles font partie des rouages politiques : l’extraction des uns sert à la construction et à l’urbanisation des autres. Et on constate partout un lobbying des carriers auprès des élus (qu’ils soient locaux ou nationaux). La filière béton bitume et granulats relève souvent d’un système qui pourrait être considéré comme mafieux.
– Pour lutter contre ce système, il faut déjà tenter d’enquêter pour construire l’histoire des sites et des flux. L’idée est de démasquer les conflits d’intérêts. Il faut construire un narratif et le porter auprès des citoyens.
Il faut aussi se coaliser entre associations pour mieux résister aux différentes pressions.

Les Résistantes – Jour 4

Il n’y aura pas de compte rendu du jour 4, on vous laisse avec l’article du journal Vert, nous sommes repartis dimanche matin, comme nous étions venus, en vélo plus train. Ça vaut la peine qu’on vous raconte le pénible délire de la démultiplication des opérateurs sur notre réseau ferroviaire et la difficile évolution du train vers les cyclistes de plus en plus nombreux…

D’abord il faut le dire, les Français ne pourront pas continuer indéfiniment à consommer deux ou trois planètes pas an, et que les fous furieux négationnistes des questions climatiques et des limites planétaires devront de gré ou de force se faire à l’idée que nos modes de vie doivent changer. Donc on laisse la bagnole vroum vroum, et on prend des transports modernes…

Prendre son billet, toute une aventure. Après avoir tenté en vain de trouver deux billets et deux réservations vélo pour l’aller sur l’appli SNCF, c’est finalement un agent de la gare Part Dieu qui a pu tricoter l’affaire (heureusement un trajet en voiture à Lyon quelques jours plus tôt a permis de dénouer le problème, et oui, il n’y a plus d’humain à la gare de Saint-Vallier).

Saint-Vallier – Lyon, Lyon – Paris, Paris – la Normandie et retour, en TER, autant de billets pour chaque personne et pour chaque vélo. Mais le billet des humains se prend sur un site, et la réservation des vélos sur le site des « transporteurs », c’est à dire chaque région. Tu vois le nombre de démarches!

Auvergne Rhône-Alpes : avant de trouver la bonne page internet, il aura fallu attendre une lune! Mais en fait tu réserves une place mais tu ne sais pas si la réalité te la donnera, et tu finis par voir les autres cyclistes comme des concurrents. Et puis imagines, tu as réussi à tout réserver et lors de la dernière réservation vélo, paf! plus de place pour la petite reine. Bon tu te dis qu’il faudra user de diplomatie avec le contrôleur… Petite partie de plaisir pour monter et descendre du train avec vélo et bagages dans les splendides train Corail, modernes années 70 du siècle dernier, collector, sale, dans son jus, la marche de 1m20 c’est pas top, surtout quand tu dois ensuite prendre l’escalier de la déclassée gare de Saint-Vallier… On ne connait pas les rampes au pays de Diane de Poitier… Il parait que les handicapés moteurs doivent aller jusqu’à Tain pour changer de quai!!! C’est pas grave on va mettre 30 millions dans des échangeurs inutiles.

Bon, à l’aller le contrôleur était plus occupé à gérer la panne (1h50 en gare de Saint Clair) de la rame du train PACA, qui elle-même, avait été mobilisée suite à la panne du train initial! Si si! grandeur et misère du rail au royaume de Wauquiez et PanneKoock plus occupés à se faire de la com avec des projets autoroutiers d’un autre temps qu’à prendre réellement soin des habitants.

Bourgogne-Franche-Comté : attention réservation gratuite mais obligatoire pour le vélo : mais là, c’est le site internet qui ne connait pas Lyon… Même si le grand costaud de contrôleur sur le quai m’explique que c’est mon téléphone qui est inadapté (de la marque américaine, nul n’est parfait)… Un bon point pour l’Ile de France, arrivé à Bercy une miraculeuse pompe nous permet de remettre 4 kg de pression avant de traverser Paris Plage…

Normandie : Les normands sont presque aussi bons que les bretons en ce qui concerne le train + vélo, des rames sans marche, des places nombreuses, des systèmes simples et ingénieux. Une mention spéciale à la personne au bout du fil lors de la réservation de places vélo dans le bus pour passer le pont de Normandie, une voix et une attention à vous faire oublier le monde numérique en un instant…

Mais les trajets sont passés très vite …. au retour, ils ont été l’occasion de rédiger les résumés des principales tables rondes auxquelles nous avons assistées pour vous les transmettre et de lire une toute petite partie de la moisson de documents que nous avons collectés aux Résistantes et que nous partagerons avec vous.

C’est chouette le Vélo + train!

Pascale et Antoine

Les Résistantes 2025 – Jour 3

Préserver nos services publics et quels services publics pour demain?

Ce fut une belle découverte d’entendre Arnaud Bontemps du Collectif « Nos services publics » cadrer le débat en des termes qui redonnent de la vigueur à l’idée de Services Publics, avec des majuscules, comme une manière de redonner du sens au travail des fonctionnaires, malmenés par 30 années de dénigrement, 30 années de « désocialisation de la réponse aux besoins », c’est à dire 30 années de transferts progressifs, mais massifs vers le secteur marchand.

La question à se poser n’est pas « Faut-il plus d’argent pour le service public? » mais « Répondons nous aux besoins de la population? »

Force est de constater que malgré l’augmentation des moyens, cette augmentation n’a pas suivi l’augmentation des besoins.

Le Service Public c’est la richesse de ceux qui n’ont rien!

Et ce serait en soi magnifique de retrouver de la fierté dans nos services publics! Ce que la France de la sortie de guerre, en 1945, a réussi, nous serions incapable de l’entretenir, de le renouveler? Le collectif milite pour l’abandon du modèle actuel : « abattre la logique de l’offre » et le remplacer par une logique « d’accès pour tous ».

En exemple de ce changement de modèle était présenté le rapport « Moins de routes, plus de trains : pour un autre financement des transports » porté par La déroute des Routes, l’Alliance Écologique et Sociale et le syndicat Sud Rail.

L’État social n’a pas dit son dernier mot…

Résistantes 2025 – jour 2, suite

Table ronde: Comment peut-on encore utiliser le droit dans nos luttes?


6 jeunes femmes provenant d’associations en lutte animaient le débat : une première a participé aux actions juridiques contre l’A69, une seconde est l’avocate de Bassines Non Merci, la troisième soutient Notre affaire à tous, la quatrième le collectif 964, la cinquième défend la Lutte contre les fermes usines en Bretagne, et celle qui anime le débat est à Terre de luttes.

6 filles extraordinaires et « déter », ayant éprouvé l’âpreté des combats juridiques et bien conscientes que le champ juridique va de pair avec la présence sur le terrain, l’inventivité des collectifs et le partage de ce qu’on pourrait appeler l’éducation populaire.

  • Entrée en matière par une note positive : « parfois les petites bêtes permettent de faire échouer les grands projets ». Ne pas hésiter à aller chercher tous les éléments naturels protégés. S’il manque de naturaliste, utiliser les compétences des uns et des autres en entomologie, botanique ou faune. Faire valider ensuite par un membre des Naturalistes Déter.
  • Mais ça ne marche pas toujours et même de moins en moins. Ça dépend beaucoup des juges.
  • Les juristes sont de peu de poids si les citoyens ne sont pas actifs à les soutenir par des actions sur le terrain. Les juges seront orientés dans leurs décisions s’ils sentent un enjeu citoyen et populaire important derrière l’action juridique.
  • Les dossiers des projets doivent être étudiés par tous les membres des associations investis dans la lutte. Il faut se repartir la lecture des chapitres des gros dossiers d’études d’impact sous peine de laisser le champ des informations entre les mains d’un ou deux membres et de casser la dynamique collective. Chacun doit pouvoir contribuer à l’analyse pour bien appréhender les argumentaires et les enjeux.
  • Il est crucial de partager ce secteur juridique au sein des groupes pour appuyer la lutte sur d’autres raisons que le juridique, au risque que la perte d’un combat anéantisse l’effort collectif.
  • Il faut donc trouver des formes de partage de la lecture des dossiers comme de la réflexion stratégique.
  • Attention aux cabinets d’avocats qui ne répondent pas aux mails ou aux appels. Privilégier les jeunes avocats certes, moins connus, mais souvent plus investis et collaboratifs.

Conclusion du débat, le politique prime sur la loi, mais la loi est aussi la cristallisation des luttes passée… Donc tous au charbon!

Résistantes 2025 – jour 2

Atelier: « Et si on jouait à abolir le marché ? Venez desserrer l’étau de l’économie

Atelier de la Coopérative Intégrale du Haut Berry (CIHB)

La CIBH – prononcer la Cib- est une expérience collective ; une soixantaine de personnes en famille ou pas, qui vivent sur plusieurs village du haut Berry. Objectif du projet : desserrer l’étau du capitalisme sur nos vies en se réappropriant des parties de ce qui constitue nos moyens de subsistance : se nourrir, prendre soin, habiter, se chauffer…

Par la forme atelier, l’équipe de la CIHB nous permet de toucher du doigt le processus qui permet à chacun de s’inscrire dans une coopérative intégrale. Nous n’avons pas eu le temps d’aller jusqu’à la dernière partie «l’AG de mandature », celle où se décide collectivement de l’acceptation du mandat que se propose de remplir chacun, individuellement ou collectivement pour le compte de tous ou partie des membres de la CIHB. Du pain, du bois de chauffe, des herbes sauvages, des légumes, du temps, de la construction de logement, de l’accompagnement des nouveaux … tout ce qui recouvre le champs de la subsistance et son organisation collective… La démocratie de la subsistance, une tentative de sortie de la dépendance aux réseaux marchands mondialisés par la reprise en main collective où se retissent des solidarités et de la joie de vivre… Une démarche à démultiplier tout azimuth, et pourquoi pas dans nos vallées…

Les règles du jeu

Résistantes 2025 – jour 1

Le tourbillon a commencé, 7000 personnes, plus de 160 ateliers, table ronde et temps de transmission.

Un moment extraordinaire, hors du commun, 100% bénévole!

Pour le programme : c’est ici https://lesresistantes.fr/https://lesresistantes.fr/

Le festival se déroule sur les terres d’une dizaine d’agriculteurs, tous en bio, au milieu du bocage ornais. Le collectif 924 a arrêté ici un projet inutile de voie rapide… Comme quoi c’est possible!

La fanfare d’accueil emmène le public vers la séance d’ouverture…

Le chant d’ouverture, une manière de tourner en dérision les sobriquets dont nous affuble le gouvernement. L’usage de chansons françaises devient une marque de fabrique des Résistantes…

en 2022, c’est France Gall qui était « l’invitée » d’honneur, et il n’y a pas eu besoin de changer les paroles avec « Résiste! »

Résistantes / jour -1

Mercredi 6 juillet

Notre voyage vers les Résistantes nous conduit du Havre à Saint Hilaire de Briouze, du plus grand port français à un des départements les moins peuplés; du complexe industriel et portuaire le plus connecté au gigantisme du commerce international, aux prairies ancestrales; du fleuron de la production en série de l’industrie des éoliennes, aux récents vainqueurs de la lutte contre le système béton / goudron dans l’Orne.

Le port du Havre depuis le pont de Normandie
Les « têtes » d’éoliennes gigantesques dans l’usine Siemens, sur le port du Havre.

Mais pourquoi allons nous aux Résistantes ?

La première édition des Résistantes, en 2023 a été un vrai bonheur, au sens d’être à « la bonne heure », au bon endroit. Imaginé sur le mythique plateau du Larzac, l’événement était chargé de beaucoup de promesses. Ayant vécu les rassemblements de 1974 et 1975, ayant acquis avec des milliers d’autres un bout de plateau du Larzac lors de la souscription de la coopérative foncière permettant d’entraver ce projet inutile, ayant été porté par l’enthousiasme de la victoire des paysans sur l’armée française, ayant participé au gigantesque « revival » de 2003 toujours en famille mais cette fois avec nos enfants… qu’allions nous y trouver? Comme à chaque fois le Larzac a été un fabuleux fertilisateur, un activateur de résistance, en 2023 il permit de renforcer et structurer de nombreux réseaux figures de prou des mouvements écologistes. Réseau contre l’accaparement de l’eau, réseaux contre l’accaparement des terres, réseaux anti nucléaire… une dizaine de réseaux à l’échelle nationale et internationale qui ainsi démultipliaient leurs connexions sur l’ensemble du territoire.

L’esprit Larzac c’est aussi le soutien inconditionnel aux peuples autochtones en lutte pour leur reconnaissance, notamment face à l’état Français. C’est le rappel inlassable de la mémoire d’Hiroshima et de Nagasaki, et par là-même, le rappel de la nécessité du désarment nucléaire, et, pour reprendre une phrase qui est le mot d’ordre d’un mouvement actuel : « faire la guerre à la guerre ».

Surtout, ce que nous avons trouvé au Résistantes 2023, c’est un extraordinaire esprit fraternel (dans un vocabulaire laïc), une attention fondamentale à son prochain (dans un vocabulaire catho), une sororité réinventée, des rapports femmes / hommes repensés. Avec la conviction bien ancrée qu’il y a une continuité dans la manière d’être, de prendre soin et de faire entre hommes et femmes, entre humains, entre humains et autres vivants, entre humains et planète Terre.

Et il est bien clair qu’une fois avoir commencé ce chemin qui change profondément la manière d’être au monde et de faire dans le monde, on ne peut pas revenir en arrière, et ce genre d’événement permet de renforcer cette démarche qui va de l’individuel au collectif et du collectif à l’individuel, sans cesse…

Le programme des Résistantes 2025